Ce que révèle le classement Deloitte 2016 des clubs les plus riches

Les dessous du bras de fer Liga/Premier League, les grandes manœuvres avant l’arrivée des pharaoniques droits télés anglais la saison prochaine, comment le Qatar peut arbitrer la lutte d’influence entre le FC Barcelone et le Paris SG, le recul général, actuel et à venir de la L1 (richesse, droits télés)


 

 
Malgré leurs droits télés très élevés, les clubs de Premier League n’occupent pas les toutes premières places.

Un seul club anglais (Manchester United) figure dans le Top 5 du classement Deloitte des clubs les plus riches pour la saison 2014/2015  malgré des droits télés trois plus importants en Premier League (2,3 milliards €) qu’en Liga (785 M€).

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Deux explications :La Premier League redistribue les droits télés de manière beaucoup plus égalitaire que la Liga. En Angleterre, le premier perçoit 1,5 fois plus que le dernier, en Espagne, c’était alors douze fois plus.  Le Real et le Barça concentraient 34 % du montant total des recettes télés.

Résultat à eux deux  le Real et le Barça  ont reçu en 2014/2015 des droits télés plus importants (286, 2 M€) que ceux reçus au total par les deux clubs anglais les plus riches, Manchester United et Manchester City (173,8  M€).

Deuxième explication, le meilleur parcours du Real et du Barça en Ligue des champions depuis cinq ans par rapport aux clubs de Premier League.  Et en particulier lors de cette saison 2014/2015 : aucun club anglais n’était allé plus loin qu’en 1/8e de finale. La non qualification de Manchester United en Ligue des Champions lui a par exemple coûté la deuxième place du classement des clubs les plus riches.

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Constat : A part pour Chelsea l’arrivée des nouveaux propriétaires de clubs de Premier League a globalement eu pour effet soit d’amoindrir (Manchester United, Arsenal, Liverpool, Liverpool) soit  de très peu améliorer (Manchester City) leur compétitivité en Ligue des Champions.

Et Leicester leader de Premier League après 23 journées, cela augure peut être bien d’une hiérarchie bousculée du fait des moyens accrus (droits télés) pour les clubs de milieu de tableau:

http://www.theguardian.com/football/blog/2016/jan/28/premier-league-leicester-manchester-united-city-chelsea-arsenal?CMP=share_btn_tw

L’augmentation des droits télés en Premier League à partir de la saison prochaine va-t-elle permettre à ses clubs de devenir les plus riches ?

Une projection sur la saison 2016/2017 en intégrant les nouveaux droits télés  dans le Top 5 indique ceci : Manchester United bénéficiaire de ses nouveaux droits télés et au minimum demi finaliste en Ligue des Champions peut espérer viser la première place occupée par le Real Madrid depuis 2011.

Pour les autres grands clubs de Premier League, le resserrement dans la hiérarchie dû à leurs nouvelles recettes télévisuelles va rendre la distribution des places très dépendante de leurs parcours en Ligue des Champions. Mais seul Manchester City est en mesure d’espérer aussi figurer sur le podium, à la deuxième ou troisième place. Arsenal reste trop loin, de même que Chelsea et Liverpool.

Comment le Real Madrid et le FC Barcelone s’organisent-ils  afin de conserver leur avance ?

Si  la Liga s’est orientée, depuis cette saison,  vers  une répartition progressivement plus égalitaire, elle conserve pour le Real et le  Barça une avance conséquente par rapport à leurs rivaux :

http://www.colchonero.com/reaparto_derechos_tv_liga_temporadas_2_016_17_a_2_018_19-itemap-11-149216-1.htm

Et les deux grands rivaux de la Liga s’activent actuellement afin de continuer à se disputer la première position au classement des clubs les plus riches.

Le Real  négocie avec Adidas le passage de son contrat annuel (équipements)  de 40 M à 140 M€.

De son côté le Barça poursuit des tractations compliquées avec Qatar Airways pour son sponsoring maillot (60 M€). Et le club catalan espère conclure le naming du Nou Camp pour des revenus annuels de 20 M€ sur une longue durée (20, 30 ans).

Le Paris SG est quatrième, essentiellement grâce au Qatar (revenus commerciaux) lequel pourrait encore intensifier son investissement.

Dans le Top 10 de ce classement Deloitte,  le Paris SG est dixième en ce qui concerne les droits télés du championnat,  septième pour les recettes guichets et  premier au chapitre revenus commerciaux. Des revenus qui lui permettent d’occuper la quatrième place du classement des clubs les plus riches.

Le Qatar a fourni l’essentiel des 297 M en recettes commerciales annuelles de cette saison 2014/2015:

200 M  par Qatar Tourism Authority

13 M par Ooredoo (téléphonie mobile)

7,5 M par Aspetar (centre médecine du sport)

Auxquels il faut ajouter le contrat (montant inconnu) avec Qatar National Bank.

Un état sponsor, cela est clairement de nature à provoquer des imbroglios où tout est mêlé : sport, business, géopolitique, diplomatie.

Il en va ainsi actuellement entre le Qatar, le Barça et le Paris SG. Les négociations entre le club catalan et Qatar Airways (sponsor principal maillot) se sont enlisées en octobre dernier.

Les traces d’une campagne présidentielle électorale féroce au Barça, au cours laquelle les candidats concurrents de Josep-Maria Bartomeu (réélu lors de cette élection) avaient annoncé leur intention de mettre fin au contrat Qatar Airways. Les Qataris, qui avaient secouru financièrement le Barça en 2010 ont très mal pris ces marques d’hostilité catalanes.

D’où le bras de fer actuel mené par le Qatar, lequel laisse filtrer clairement la possibilité pour lui  de privilégier le Paris SG. En guise d’avertissement, les Qataris ont signé un contrat de sponsoring pour le maillot d’entrainement du Bayern pour 15 M€ annuels.

images10-1Autre menace brandie par le Qatar : priver le Barça du montant du sponsoring maillot l’amener  à être obligé de vendre des joueurs stars. Une éventualité guettée évidemment par le Paris SG…

Avec ce partenaire étatique et l’assouplissement du fair play financier le concernant, le club parisien peut rêver de grimper encore plus haut au classement. Sauf si ses rivaux finissent par attaquer le Paris SG pour concurrence déloyale.

 

Il y avait dix sept clubs de Premier League dans le top 30 en 2014/2015.  Ce nombre va-t-il augmenter dans le classement 2016/2017 ?

L’invasion des clubs de Premier League dans le classement des clubs les plus riches est récente: 2012/2013 : 8 clubs sur 30; 2013/2014 : 14 clubs sur 30; 2014/2015 : 17 clubs sur 30.  Ce nombre va-t-il augmenter au terme de la saison 206/2017 du fait de l’augmentation des droits télés en Premier League ? Pas certain du fait du grand embouteillage de ses clubs en fin de classement du Top 30 et au-delà.

En effet, pour cette saison 2014/2015, cinq clubs de Premier League suivent en rangs serrés :

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31: Norwich City 123 M€

32es : Fulham et Lazio  119 M€

34e : Leverkusen  118 M€

35e: QPR  116 M€

36e: Lyon 115 M€

37e: Hull City 111 M€

38e: Wolfsburg 109 M€

39e: Cardiff City 108 M€

40e: OM 105 M€

 

Si l’on examine le classement actuel du Championship (L2), Hull City (1er) est bien placé pour être promu en PL et donc récupérer les droits qui le ferait entrer dans le Top 30. Mais il risque d’être le seul. Si Cardiff City (12e ) peut encore espérer, c’est sans doute terminé pour QPR (13e) et surtout Fulham (19e).

Dans le classement Deloitte, Fulham (17e), Aston Villa (23e) et Sunderland (25e) occupent actuellement les trois dernières places en Premier League. Mais s’ils sont relégués, ils ne sortiront pas du Top 30 pour l’exercice 2016/2017. Grâce au paiement parachute de 41 M€ prévu pour eux dans ce cas :

http://www.cahiersdufootball.net/article-premier-league-n-oubliez-pas-le-parachute-5996

Les clubs de L1 occupent les dernières places du Top 40 pour 2014/2015. Peuvent-ils espérer  progresser au classement ?

En ce qui concerne Lyon et l’OM, leur classement illustre le recul général de la L1. Lyon table sur son nouveau stade afin de générer 50 M€ de recettes supplémentaires dès cette saison  (70 à 100 M€ pour les saisons suivantes).

De ce fait l’OL pourrait viser, avec les nouveaux droits télés de la L1, entrer dans le Top 20 au terme de la saison 2016/2017

De son côté, l’OM doit rester plus modestes en augmentant très  légèrementses recettes (matches, droits télés, commercial) à 116 M€  selon l’excellente enquête du Professeur Urba sur omforum.com

http://www.omforum.com/2015/12/finances-de-lom-resultats-on-anticiper-2015-2016/

Toujours selon cette enquête, l’OM peut espérer dans les prochaines années percevoir entre 103 et 189 M par saison

http://www.omforum.com/2015/12/revenus-esperer-prochaines-saisons/

Clairement pas assez pour améliorer sensiblement son classement. Car de nouveaux rivaux vont arriver du Portugal. Benfica (400 M€ sur 1o ans à partir de 2016/2017) et Porto (457, 5 M sur 10 ans à partir de 2018/2019) .

En 2014/2015  le budget de Benfica était de 102 M€ et celui de Porto de 94 M€. Leurs nouveaux accords sont de nature à leur permettre d’entrer dans le Top 30.

Droits télés : à qui va profiter la nouvelle donne européenne ?

 

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Les années 2015 et 2016 sont celles des nouveaux contrats sur les droits du foot en Série A, Liga, Premier League et Ligue 1.

La Premier League continue à faire exploser les records (droits télés championnat, à l’international et en retransmissions de la Premier League) en misant sur  la concurrence entre les opérateurs.

Ce qui profite à la Liga et la Série A, lesquelles vont franchir à partir de la saison prochaine la barre du milliard annuel. De son côté, la Bundesliga progresse mais doit attendre 2017, l’échéance de son contrat actuel, pour un nouvel accord à la hauteur de sa florissante santé économique. Dans le Top 5, la Ligue 1 fait de son côté figure de cancre.

Le montant de ses droits télés fait reculer tous les ans la L1 par rapport à ses rivaux, même avec ses nouveaux droits à partir de 2016/2017.

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Négociés depuis deux ans, les droits télés de la L1 pour 2016/2020 apparaissent clairement sous dimensionnés par rapport à ses rivaux, avant même leur mise en œuvre. Car dès cette saison la Liga et la Série A prennent de l’avanceet elle va encore augmenter la saison prochaine.

Et la Bundesliga va, à partir de 2017, sans doute passer devant la L1 laquelle de ce fait passerait au dernier rang du top 5. D’autre part  la L1 a négocié ses droits pour quatre ans (2016-2020). Une durée de quatre ans pendant laquelle tous les autres championnats  auront eux rénégociés leurs accords (Bundesliga en 2017, Série A en 2018, Premier League et Liga en 2019).

Seule relative bonne nouvelle pour la L1 : le fait de sécuriser ses droits jusqu’en 2020 car les négociations  en cours entre  Canal Plus et beIN Sports pour un rapprochement n’augurent rien de bon pour les prochains accords sur les droits télés…

Difficultés à l’export pour La Ligue 1

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Ce tableau décrit très exactement la perte constante d’influence du foot français au plan européen. L’augmentation des droits télés à l’international de la L1 à partir de 2018 a été présentée comme une grande victoire. Cela consiste à passer de 32, 5 à 80 M€ par an. C’est cinq fois moins que la Bundesliga dans un environnement où tous les grands championnats ont fait progresser de manière très significative leurs revenus à l’export.