CHRIS MATHESON: “ILS SE PASSENT LA RESPONSABILITÉ COMME UNE PATATE CHAUDE”
Chris Matheson est député de Chester et membre de la commission Culture, Media et Sport de la Chambre des Communes. Laquelle a provoqué un débat, qui aura lieu jeudi 9 février sur la gouvernance de la Fédération de football, accusée de refuser de se réformer. Il explique le travail de cette Commission, les raisons de la motion déposée. Il évoque plus généralement, aussi en tant que supporter d’Everton et de Chester la situation actuelle du foot anglais. La mondialisation, la régulation, les problèmes de l’équipe nationale.
Pourquoi la commission Culture, media et sport organise t-elle jeudi 9 février un débat suivi d’un vote sur la gouvernance du football et invite le gouvernement à soumettre des propositions de loi afin de la réformer ?
Nous recevons tous les ans à la Commission les dirigeants de la Fédération. La session à ce sujet s’est ouverte en octobre dernier. Cette commission a pressée, de manière répétée, les autorités du football d’améliorer leur gouvernance. La commission a reçu un courrier de la part des précédents présidents et directeurs de la Fédération. Lesquels nous ont assuré avoir essayé de modifier cette gouvernance, mais que cela ne leur pas été possible en raison des structures.
Par ailleurs la ministre des sports, Tracey Crouch, récemment nommée est arrivée avec une nouvelle feuille de route, une nouvelle directive pour la gouvernance du sport: la rendre plus moderne, clairement moins inclusive et cela allait dans notre sens.
La Fédération de football est la plus éloigné de la vision souhaitée par le gouvernement et il apparaissait clairement que ce serait la plus dure à réformer.
Mais le football est aussi le sport le plus populaire. Le foot doit être le leader. Et les autres sports le regardent comme tel. Donc lorsque nous avons reçu le lettre des anciens patrons de la Fédération il nous est apparu clairement qu’il y avait un problème, ce qui nous a décidé à nous consacrer spécifiquement au football.
Et il y avait aussi la progression du financement offshore. C’est une énorme masse d’argent, en particulier en Premier League et sa destination n’est pas totalement claire.
Etiez-vous surpris lorsque Greg Clarke, le président de la FA lors de son audition devant la commission vous ait répondu qu’il ne savait rien de Vibrac, le fond offshore prêteur à plusieurs clubs anglais ?
Non, cela ne m’a pas surpris. D’abord par ce qu’il vient de la Football League et que Vibrac a surtout été actif en Premier League. Mais ensuite j’ai été déçu qu’il ait tenté de dégager sa responsabilité en affirmant que c’était de la responsabilité de la Premier League.
C’est de fait la responsabilité de la Football League, de la Fédération. Ils se la passent tous comme une patate chaude. Ils doivent pratiquer un niveau de responsabilité beaucoup mieux établi. Ils doivent demander qui est est responsable de la propriété des clubs. Demander qui est responsable de la décision du type d’investissement acceptable. Demander une claire responsabilité d’établir et publier le nom des bénéficiaires effectifs de ces fonds d’investissement prêteurs.
Quelle est votre évaluation du niveau de régulation dans le football anglais ?
Insuffisant, quand on se référe à des clubs comme Coventry City actuellement ou Blackpool FC où les propriétaires sont clairement défaillants, et de ce fait les temps sont très durs pour les supporters. Dans cette situation, les supporters, le sport sont traités comme quantité négligeable. Petit, j’allais quelquefois aussi voir des matches à Chester. Le vieux Chester City a connu de graves problèmes financiers, parce qu’il était dirigé par des gens peu convenables.
Lorsque le club a disparu, les supporters se sont regroupés en communauté (le nouveau club, Chester FC a été créée en 2010 par les supporters, qui en sont les propriétaires). Dans les clubs que j’ai cités, j’ai acquis l’impression que l’argent était la priorité. Il faut clairement établir des tests de crédibilité plus pointus pour les postulants à la propriété des clubs, afin de s’assurer s’ils sont solvables et la personne appropriée.
Avez-vous ressenti, de la part des supporters, une demande pour une meilleure gouvernance et une plus grande régulation ?
Il y a des supporters qui veulent juste aller au match, sans s’intéresser au gouvernement et aux politiques. Mais il est certain que depuis l’affaire Allardyce, beaucoup de gens se demandent comment on en est arrivé aussi bas. Il ne s’agit pas de tous, mais une bonne part réclame que les choses changent dans la gouvernance du foot. Ce sont plusieurs facteurs qui sont arrivés en même temps.
Il apparait que la Commission Culture Media et Sport travaille de manière transpartisane. Son président, Damain Collins, est conservateur, vous êtes travailliste mais vous êtes sur la même longueur d’ondes ?
Nous sommes clairement dans deux partis différents. Mais nous travaillons ensemble à la Commission. Damina a une très bonne compréhension des politiques sportives et de la gouvernance du sport dans leur globalité. Et nous avons mené plusieurs enquêtes à ce sujet. Sur la gouvernance du sport, la FIFA par exemple, laquelle sous Sepp Blattter a été très gravement défaillante. Nous nous sommes intéressés au dopage et comment l’IAAF elle aussi a été défaillante.
Il est clair qu’un des problèmes majeurs, c’est la gouvernance du sport au niveau international. Ce qui induit un impact localement sur les fédérations nationales, ce sur quoi nous travaillons.
Que pensez-vous de la mondialisation dans le football, et spécialement en Angleterre ?
Mes deux clubs préférés ont conservé un ancrage local. Everton a le plus fort taux de supporters qui viennent à pied aux matches à domicile en Premier League. Chester FC est la propriété de ses supporters.
Mais on voit de plus en plus la nouvelle génération porter des maillots du Real ou de Barcelone; ce n’est qu’un aspect de la question mais quand la finance devient globale, il y a un problème. Des milliards vont à la Premier League, pour la plus part évidemment en salaires de joueurs, mais pour beaucoup aussi qui terminent dans des comptes offshore.
La mondialisation est une chose, mais si des fonds obscurs viennent s’y ajouter, c’est un problème. Parce que ce sont toujours les supporters qui paient la note à la fin. Il existe aussi un problème culturel, c’est que des gens ne supportent plus automatiquement leur équipe locale. De de ce fait l’attachement aux racines n’est plus aussi fort. J’ai entendu samedi dernier un supporter de Liverpool dire que la raison pour laquelle le club était moins performant ces dernières semaines c’était parce que’il n’y avait pas de jeunes joueurs locaux dans l’équipe.
Je ne sais pas si c’est vrai mais il faut permettre aux jeunes joueurs de s’exprimer afin de pouvoir prétendre arriver au sommet. Bien évidemment l’exigance est toujours immédiate et les enjeux sont importants. Mais c’est beaucoup plus dur pour eux parce que les clubs tendent à vouloir acheter des joueurs confirmés et que les jeunes joueurs anglais sont chers.
A part, le problème numéro 1, l’opacité des finances et de la propriété, il y a celui du coût pour les supporters. Le football reste celui des classes laborieuses. Cela coûte cher d’aller aux matches, particulièrement qi vous y allez en famille ; cela coûte cher de s’abonner pour regarder les matches sur SkySports.
On sait très bien que beaucoup d’argent dans le football va dans des sociétés et des comptes offshore pour des gens qui sont déjà riches.
Et le problème, c’est que le sport de base, de masse ne reçoit pas, et de très loin les subventions qu’il devrait, et de très loin aussi de la pert du football professionnel. Il y a une énorme disparité entre la Premier League et les étages plus bas dans la pyramide, comme pour Chester.
Quels sont les effets de cette mondialisation sur l’équipe nationale ?
Greg Clarke, le président de la Fédération, dit que seulement 30 % des stars de la Premier League sont des anglais. Il y a une vraie contradiction entre vouloir à la fois une Premier League et une équipe nationale compétitives.
Je me souviens lorsque la France a gagné la Coupe du Monde en 1998. OK c’était une génération dorée mais c’était aussi la conséquence de la politique du football français de développement des meilleurs talents français.
La France avait déjà eu auparavant une génération dorée avec Platini et Rocheteau. La France a cette politique et met l’accent là-dessus. Cela lui a pris des années.
Nous on a cette politique à court terme qui consiste à privilégier la réussire des clubs au détriment de l’équipe nationale. Le problème est donc ce court terme. Mais les revenus distribués en Premier League sont tels qu’ils sont privilégiés par rapport à une stratégie à long terme »